Pour construire l’éducation supérieure duXXIe siècle et soutenir l’innovation, il est indispensable que l’institution autorise et encourage l’innovation, à la fois à travers le soutien des personnels, mais aussi plus largement de toutes les initiatives de la communauté enseignante et étudiante. La mobilisation des acteurs doit être rendue possible, alors que de nombreuses initiatives se heurtent à ce que leurs porteurs vivent comme une « culture du Non » : on dit « non » d’abord, et on discute après. Ce contexte pousse certaines personnes auditionnées à réclamer la fin des différents cadres nationaux, vécus comme les causes de cette culture. Nous ne retenons pas cette option car les cadres nationaux ont pour objectif de contribuer à l’égalité des étudiants et d’assurer une lisibilité du système. Ces objectifs ne sont certes pas complètement atteints, mais la suppression des cadres nationaux conduirait sans aucun doute à un résultat bien pire. Nous préconisons plutôt de faciliter l’expérimentation, en permettant de nouvelles formes organisationnelles et en accueillant avec un a priori positif les initiatives innovantes, témoins de la vitalité de la communauté. Chaque expérimentation doit faire l’objet d’un protocole, décrivant les objectifs, les modalités de mise en oeuvre et leur durée ainsi que le mécanisme d’évaluation des résultats. Cette évaluation est cruciale pour permettre soit d’étendre l’expérimentation à d’autres structures si elle est positive, soit d’y mettre fin. Il s’agit d’une démarche d’essais et erreurs, conforme à l’esprit scientifique, dédiée à l’amélioration permanente des formes d’enseignement. Pour être acceptée, elle devra faire partager ses objectifs, en associant tous ceux qui sont concernés, à l’intérieur comme à l’extérieur des établissements. Historiquement, le cadre des expérimentations est le plus souvent passé par la création d’établissements dérogatoires, avec des succès d’ailleurs importants. Nous voulons désormais que cela soit rendu possible à l’intérieur de chaque établissement. Les dispositions de la loi sur l’enseignement supérieur et la recherche de 2013, qui permettent l’expérimentation de nouvelles formes de sélection des étudiants de santé, sont une étape vers ce nouvel état d’esprit.