Vous souvenez-vous de Chirac qui, à une époque, bottait en touche chaque fois qu’on l’accusait d’une certaine affaire, en répétant sans cesse à quel point tout cela était abracadabrantesque ? C’était la bonne époque, alors : celle où un politicien mentait ouvertement mais prenait tout de même soin d’y mettre les formes. Mais tout cela est désormais caduque : dorénavant, un homme politique peut véritablement dire n’importe quoi comme bon lui semble. Je me suis encore rendu à Compiègne tout récemment, pour assister à un congrès lors duquel j’ai pu discuter de ce sujet avec certains participants. Et nous étions tous d’accord pour dire que la métamorphose qui à l’oeuvre dans le monde politique est vraiment consternante. Ce mouvement nous arrive en fait des Etats-Unis ; il semblerait que Trump soit parvenu à faire des émules et envenimer la sphère politique. Jamais, avant Trump, un homme politique français n’aurait osé promettre qu’il ne se présenterait pas s’il était mis en examen, pour prétendre le contraire un mois après. Mais ce changement est compréhensible, au final : lorsqu’un président américain peut vivre dans le déni le plus total et annoncer des contre-vérités comme vérités, il ne semble plus capital pour un politicien de se confronter à certaines réalités. Du coup, se contredire n’est plus aussi grave que par le passé, et l’on peut se défendre à coup d’arguments totalement grotesques. Un éventuel procès ébranle la crédibilité d’un député ? C’est parce qu’il est anti-système que le système veut sa peau (anti-système, un ancien premier ministre…). Une citation faite lors d’une précédente interview est encombrante ? C’est une invention des médias, qui la sortent de son contexte. L’interview livrée dans son intégralité montre que même dans son contexte, les mots ont le même sens ? C’est un complot médiatique à la solde du pouvoir. L’on peut littéralement contredire la réalité et s’en inventer une autre sur mesure. Depuis l’investiture du président américain, on observe en fait à quel point les pays sont en interaction directe : ce qui se développe dans les autres pays a un effet notable sur la politique française. L’influence de Trump n’est pas simplement économique : c’est aussi une manière de penser qui se répand, et qui porte le populisme à des hauteurs jamais vues auparavant.
Au passage, j’ai bien apprécié ce congrès : le planning y était millimétré. Voilà l’agence qui l’a monté, si vous voulez en apprendre plus. Plus d’information est disponible sur le site de l’organisateur de l’organisation de séminaire à Compiegne. Suivez le lien.